Quand la BD graphique devient biographique

Au festival Toronto Comic Arts et à l’AFT

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Publié 15/05/2017 par Lila Mouch

Même si la représentation de la femme a évolué dans la bande dessinée – on est passée de ménagère stéréotypée à des héroïnes – il y a un nouveau combat aujourd’hui: la visibilité des femmes auteures de BD.

Selon la bédéiste Sandrine Revel, qui participait ce week-end au Toronto Comics Arts Festival à la Bibliothèque de référence, «les femmes sont presque aussi peu représentées en BD que dans l’armée»!

Cette dessinatrice française originaire de Bordeaux était aussi de passage à l’Alliance française de Toronto le 11 mai avec son compatriote Marcelino Truong ainsi que James Albon, bédéiste francophile originaire du Royaume-Uni.

La rencontre-discussion était placée sous l’égide du réseau Eunic (Instituts culturels nationaux de l’Union européenne).

Planche de Glenn Gould: une vie à contretemps, de Sandrine Revel
Planche de Glenn Gould: une vie à contretemps, de Sandrine Revel

Fascinée par Glenn Gould

Sandrine Revel est attirée par des artistes «extraordinaires» et ayant eu des parcours de vie captivants.

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Dans son roman graphique/biographique Glenn Gould: une vie à contretemps, pour lequel elle a reçu le prix Artémisia, elle s’est chargée de représenter l’homme et le musicien canadien, «pianiste de génie qui a un jour tout arrêté».

«Il voulait se concentrer à la composition et non à la prestation sur scène.» Sandrine a toujours rêvé de piano, elle considère avoir toujours eu une attache avec le Canada. Elle s’intéresse aux icônes, aux personnes de grand talent. Glenn Gould était «un homme de l’ombre et un perfectionniste». Elle qualifie l’homme de «mystérieux, qui vivait intensément la musique, presque à en oublier de vivre». Elle humanise l’artiste en quête d’extase, qui méritait d’être connu en France.

Sandrine Revel est en nomination aux prochains Eisner Awards qui récompensent les BD sorties aux États-Unis. Son prochain album biographique raconte l’incroyable vie de Tom Thompson, icône de la peinture canadienne, dont la mort tragique reste encore un mystère.

Marcelino Truong documentariste

Né aux Philippines d’un père diplomate vietnamien, Marcelino Truong illustre sa vie d’enfant entre 1961 et 1963 dans son œuvre Une si jolie petite guerre.

Marcelino Truong. (Photo: bedetheque.com)
Marcelino Truong. (Photo: bedetheque.com)

Ayant vécu aux États-Unis, c’est suite à l’assassinat de J.F. Kennedy que sa famille sera appelée à vivre à Saigon, puis à Londres. «J’avais 3 ans, c’était en juillet 1961 que nous sommes arrivés au Vietnam, et les conditions étaient déjà très difficiles.»

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«C’est grâce aux lettres de ma mère que j’ai pu reconstituer mes souvenirs et la chronologie de notre vie là-bas», explique Marcelino: «les jeux d’enfants avec mon frère et mes sœurs, la vie de couple de mes parents à travers mon regard d’enfant, le travail de mon père».

Son œuvre prend des allures de documentaire historico-politique quand son regard d’adulte offre des repères historiques.

Une si jolie petite guerre «est un titre contradictoire, comme un oxymore. La guerre ne faisait que 1000 morts par mois à ce moment-là. En 1972, nous atteignons les 35 000 morts, uniquement militaires.»

Récompensé par le New York Times, Mother Jones et Kirkus, la suite, Saigon Calling: London 1963-75 sera publiée à l’automne 2017.

Her Bark and Her Bite, de James Albon
Her Bark and Her Bite, de James Albon

James Albon aime les méchantes

James Albon, qui a notamment réalisé des illustrations pour de nombreux médias tels que le Guardian, le Financial Times ou le Wall Street Journal, s’est toujours intéressé au thème de la femme et aux rôles des méchantes.

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Dans son œuvre Her Bark and Her Bite, son personnage phare Pénélope semble représenter ces caractéristiques, notamment avec sa chevelure haute et électrisante.

La création de son œuvre féminine est influencée par les femmes qui l’entourent. «Les expériences racontées sont celles de mes amies; ce sont aussi des histoires qui leur sont arrivées.»

D’après lui, «les femmes doivent travailler plus dur que les hommes, et reproduire cet élément était aussi un défi pour moi qui est un homme». Lorsqu’il dessine, le physique de ces femmes est primordial, il lui faut le comprendre pour parler d’elles. Le bédéiste avoue: «je veux sentir le corps, je dois le jouer et imiter moi-même la démarche.»

La majeure partie des illustrations et bandes dessinées de Sandrine Revel mettent aussi en scène les femmes. Il est souvent question du corps: «je dessine ce que je suis, ce que je n’aime pas, pas de personnages trop sexy», comme dans Je suis top. Dans Résurgence, elle pointe du doigt les inégalités et le sexisme en France.

Sur la scène de l'AFT: Sandrine Revel, James Albon et Charlotte Groult, chargée de mission pour le livre et le débat d’idées, pour le Consulat général de France à Toronto.
Sur la scène de l’AFT: Sandrine Revel, James Albon et Charlotte Groult, chargée de mission pour le livre et le débat d’idées, pour le Consulat général de France à Toronto.

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