Matérialisme et débauche: l’effet papillon Dom Juan

Molière dénonce une hypocrisie bien actuelle au TfT

Dom Juan, interprété par Pierre Simpson, et Sganarelle: Marcelo Arroyo. (Photo: Manuel Verreydt)
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Publié 01/05/2017 par Lila Mouch

L’effet papillon – le battement d’ailes qui finit par créer une tornade – illustre bien les conséquences du comportement du célèbre dragueur Dom Juan.

C’est ce que nous explique Joël Beddows, le directeur artistique du Théâtre français de Toronto, qui monte cette pièce de Molière qui dénonce surtout l’hypocrisie, du 10 au 28 mai au Berkeley Street Théâtre.

Interprété ici par Pierre Simpson, bien connu de l’auditoire du TfT, Dom Juan idéalise le matérialisme, la débauche et l’impiété. C’est un épicurien qui vit dans l’instant, toujours en quête de son plaisir égoïste et qui ne se soucie jamais de l’avenir. Dom Juan veut être libre d’aimer les femmes tout le temps et comme il l’entend. Cet homme, qui ose affronter la mort et Dieu, est également un maître du langage qui impressionne par ses beaux discours.

Sganarelle

Le mythe de Dom Juan a permis plusieurs interprétations dans le passé. «D’ailleurs le protagoniste principal de cette pièce pour moi est Sganarelle», indique Joël Beddows. «On le voit naviguer dans les rebondissements de la pièce. Comment essaie-t-il de survivre aux exploits de son maître? La pièce commence avec Sganarelle et se termine avec lui.»

Molière considérait  que l’hypocrisie et la sournoiserie paralysaient la société de son temps (17e siècle). C’est le thème controversé qu’il explorait déjà dans Tartuffe et les Fourberies de Scapin.

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Le TfT nous fera fait entrer dans un monde mélangeant comédie, libertinage, mais aussi, dit-il, humaniste.

Plusieurs intrigues sont soulevées à travers les différents actes. «Peut-on vraiment enchaîner les conquêtes et les fuites sans jamais avoir à payer le lourd prix du jugement?»

Notre société de consommation

«Tout le plaisir est dans le changement», dit Dom Juan; ce que Joël Beddows analyse comme étant «le reflet de l’univers de consommation irréfléchi dans lequel nous vivons. C’est le crédo de Don Juan!»

«L’idée d’un désir de liberté sans conséquence raisonne dans la société actuelle. Le plaisir personnel prime sur les conséquences.» Dom Juan est un personnage complexe et ambigu, doué pour la manipulation. Son valet Sganarelle en est la première victime. La relation entre les deux hommes, entre dominances et admiration, reflète un comportement bien actuel, comme une forme d’enthousiasme à l’égard du despotisme contemporain et la révolte face aux injustices.

Tout comme Molière, Joël Beddows est un amoureux de la langue française. Dans ce texte, il joue des sous-entendus. Comme tous les grands textes, «ce sont des univers où les spectateurs peuvent trouver leur propre sens».

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Pour le nouveau directeur artistique du TfT, c’est une double première: il n’avait encore jamais fait la production d’une pièce française classique, et c’est aussi sa première mise en scène d’un Molière. «Je vis un rêve, je suis nerveux, mais je m’amuse super bien», confie-t-il.

Dom Juan

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