Départ d’une «championne de la francophonie»

Sachant sans doute qu’elle ne ferait pas partie du nouveau cabinet «rajeuni» de Kathleen Wynne, la Procureure générale et ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Madeleine Meilleur, a devancé le remaniement de lundi et annoncé jeudi dernier qu’elle abandonnait son poste de Procureure générale et de ministre des Affaires francophones, et qu’elle démissionnait de son siège de députée d’Ottawa-Vanier.

«Au cours des 25 dernières années», écrit-elle, «j’ai eu l’immense privilège de servir les gens d’Ottawa-Vanier, d’abord comme conseillère municipale et ensuite comme membre de l’Assemblée législative de l’Ontario».

«J’en suis arrivée à une étape de ma vie où je souhaite passer plus de temps avec ma famille et avec mes proches», justifie-t-elle. «J’ai toujours été fière de représenter les gens d’Ottawa-Vanier, une communauté des plus vibrante, diversifiée et soucieuse du bien-être des autres.»

Mme Meilleur a été ministre sous Dalton McGuinty avant Kathleen Wynne. Elle a été ministre de la Culture, des Services sociaux et communautaires, de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, plus récemment Procureure générale et, pendant 13 ans, ministre déléguée aux Affaires francophones.

«Je suis fière d’avoir mené à bien l’adoption de lois qui favorisent l’inclusion sociale des personnes ayant une déficience intellectuelle, d’avoir été le fer de lance des efforts déployés en vue de l’adoption de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario, d’avoir dirigé avec succès les efforts visant à faire de l’Ontario la première province au Canada à rendre obligatoire l’installation de systèmes automatiques de gicleurs dans les foyers de soins pour personnes âgées ou autres personnes vulnérables, et d’avoir entrepris un nombre d’initiatives qui ont contribué à faire avancer l’accès à la justice en Ontario.»

Aux 600 000 Franco-ontariennes et Franco-ontariens, elle assure que «les assises de nos nombreuses réalisations communes rendent l’avenir de la francophonie en Ontario plus prometteur que jamais».

Mercredi soir encore, elle participait à la soirée-hommage au directeur artistique sortant du Théâtre français de Toronto, Guy Mignault, organisée par le Club canadien à l’hôtel Royal York.

Parmi les exemples de réalisations à titre de ministre de la francophonie ontarienne, elle cite «l’établissement du Comité consultatif sur les affaires francophones, le nombre accru de régions et d’établissements désignés pour l’offre de services en français, l’auto-gouvernance de TFO, la création du poste de Commissaire aux services en français et son statut d’Officier de l’Assemblée législative, la déclaration du 25 septembre comme Journée des Franco-ontariens et des Franco-ontariennes, et enfin, la commémoration du 400e anniversaire de présence française en Ontario».

Des réactions et des commentaires élogieux ont fusé de partout en Ontario et à l’extérieur.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario a salué «le travail d’une championne de la francophonie».

Le président Denis Vaillancourt a remercié Madeleine Meilleur «pour son engagement sans réserve auprès de la communauté franco-ontarienne».

L’Association des juristes d’expression française de l’Ontario estime que la ministre Meilleur a offert «une visibilité sans précédent à la cause francophone sur la scène provinciale et nationale».

Selon Carol Jolin, le président de l’Association des enseignants franco-opntariens, «elle a fait progresser énormément de dossiers à travers les années».

«Un petit mot comme ‘merci’ n’est tout simplement pas suffisant. Quel apport!», a tweeté le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau.

Pour la première ministre Kathleen Wynne, «son travail sans réserve pour faire avancer les intérêts de la communauté francophone aura un impact à long terme dans notre province.»

Les ténors de l’opposition progressiste-conservatrice et néo-démocrate ont également remercié Mme Meilleur pour ses années de service.

À Toronto, les dirigeants du Centre francophone ont souligné que «depuis 2003, Mme Meilleur a mené de façon exceptionnelle l’essor du fait français en Ontario en appuyant plusieurs projets d’envergure».

«Jamais une ministre déléguée aux Affaires francophones n’a eu autant d’influence sur le développement et la reconnaissance de la communauté franco-ontarienne», a déclaré la présidente Claire Francoeur.

Ce concert de remerciements et d’éloges a été repris le lendemain 10 juin à Penetanguishene, alors que plusieurs centaines de personnes assistaient avec Madeleine Meilleur à la clôture officielle des célébrations du 400e anniversaire de la présence française en Ontario.