Le soya contre les intoxications alimentaires

Suresh Neethirajan, professeur de génie à l’Université de Guelph et directeur du laboratoire BioNano.
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Publié 21/07/2016 par Jeanine Moyer

Le soya permettrait de combattre les intoxications alimentaires, selon une recherche récente. En effet, des chercheurs de l’Université de Guelph utilisent des extraits de soya – les isoflavones et les peptides – afin de prévenir la croissance de pathogènes microbiens responsables de maladies d’origine alimentaire.

Extraire les agents naturels du soya pourrait profiter à l’industrie alimentaire, qui utilise actuellement des additifs synthétiques pour protéger les aliments. Ces extraits montrent une action prometteuse pour combattre certains microbes courants et réduire la contamination bactérienne des aliments.

«C’est une solution idéale», indique Suresh Neethirajan, professeur de génie à l’Université de Guelph et directeur du laboratoire BioNano. «Le soya est un aliment sûr et courant consommé depuis des milliers d’années, et nous pouvons maintenant l’utiliser pour assurer la salubrité des aliments que nous consommons en empêchant la croissance de bactéries nuisibles.»

Un agent plus efficace

M. Neethirajan et son équipe de recherche ont découvert que les extraits de soya s’avèrent plus efficaces pour combattre les bactéries, dont des pathogènes comme Listeria et Pseudomonas, que certains produits chimiques synthétiques couramment utilisés pour conserver les aliments.

«Et nous savons que ces extraits sont plus sûrs que les produits chimiques actuellement utilisés. Après tout, nous consommons le soya depuis des milliers d’années», ajoute-t-il.

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Les dérivés de soya font déjà partie de notre régime alimentaire. Ils se trouvent dans divers produits, tels que les produits de boulangerie, les conserves, les fromages, les huiles de cuisson, la crème glacée et les substituts de viande.

Les isoflavones et les peptides de soya sont extraits de la farine de soya, puis soumis à une large gamme de tests exhaustifs de microfluidique et de criblage à haut débit.

Le processus aboutit à cette nouvelle méthode peu coûteuse, sûre et très efficace d’isolation des extraits de soya en vue de leur utilisation comme agent de lutte contre les pathogènes microbiens et les bactéries nuisibles dans les aliments.

Naturellement sain

«Des études ont démontré que l’utilisation excessive et continue de certains agents chimiques antimicrobiens actuels peut amener certaines souches de bactéries à devenir résistantes à de tels produits, rendant ceux-ci inefficaces», explique M. Neethirajan, en soulignant que ces agents chimiques tuent toutes les bactéries – bonnes et mauvaises.

«Au contraire, l’agent antimicrobien à base d’extraits de soya s’attaque seulement aux bactéries pathogènes ou mauvaises, laissant indemnes les bactéries bénéfiques présentes dans les aliments qui contribuent à la digestion et transforment correctement les aliments que nous consommons», ajoute-t-il.

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M. Neethirajan signale que, comme les extraits de soya ont la capacité d’inhiber de façon sélective la croissance de bactéries pathogènes sans nuire aux bactéries bénéfiques, certains problèmes de santé généralement liés aux agents de conservation synthétiques disparaîtront.

Une percée

M. Neethirajan et son équipe au laboratoire BioNano de l’Université de Guelph travaillent sur cette recherche depuis quatre ans.

«Il pourrait s’agir d’une percée pour l’industrie alimentaire et de transformation des aliments», indique M. Neethirajan. «Et elle aura une incidence sur l’ensemble de la chaîne de valeur, des agriculteurs qui produisent le soya à l’industrie alimentaire et aux consommateurs qui bénéficient du produit.»

Les travaux de recherche sur cette méthode de lutte contre les maladies d’origine alimentaire se poursuivent. L’équipe du laboratoire BioNano travaille à identifier des variétés de soya qui produisent les isoflavones et les peptides qui inhibent la croissance bactérienne.

L’identification permettra également de cerner des débouchés à valeur ajoutée afin de permettre aux agriculteurs de produire du soya destiné à des utilisations particulières.

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M. Neethirajan se penche également sur la commercialisation des extraits de soya et prévoit leur mise en marché dans quelques années. «Les résultats de nos recherches pointent vers des utilisations pratiques pour cet aliment polyvalent qui amélioreront la qualité et la salubrité des produits», souligne-t-il.

Le projet a reçu le soutien du ministère de la Recherche et de l’Innovation de l’Ontario, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Auteur

  • Jeanine Moyer

    Journaliste à l'agence AgInnovation Ontario, basée à Guelph: nouvelles et reportages sur l’innovation agricole et le développement du milieu rural.

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