Le patrimoine d’Haïti: un potentiel inouï

Entrée du Musée du pantheon national haïtien (MUPANAH).
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Publié 13/12/2016 par Annik Chalifour

Port-au-Prince par une splendide journée ensoleillée; nous partons en tournée de la capitale haïtienne. On quitte à regret la Villa Thérèse, charmant petit hôtel aux allures d’hacienda espagnole situé à Pétion-Ville. Cap sur les quartiers des maisons de style «pain d’épice» et le Musée du Panthéon national haïtien.

Les maisons de pain d’épice aux toitures exubérantes et façades ornées de dentelures dans les boiseries captivent mon imaginaire. Apparues au tournant du 19e siècle, ces fastueuses demeures initialement construites en bois, puis en maçonnerie, sont parfaitement adaptées au climat tropical.

D’architecture haïtienne métissée de diverses influences culturelles, ces fascinantes maisons disposent de galeries extérieures entourant leurs vastes salons nantis de grandes portes et fenêtres avec des persiennes en bois. Des escaliers spectaculaires de forme monumentale mènent à l’entrée principale.

J’imagine un concert, un défilé de mode, un buffet gastronomique, une exposition d’arts sur les terrasses de ces opulentes résidences… Certaines maisons pourraient abriter un musée ou un hôtel de charme; un immense potentiel enfoui sous les besoins de restaurer ces remarquables domaines.

«300 000 maisons de pain d’épice ont été recensées», précise Carine, notre guide de l’agence Explore Haïti.

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Maison «de pain d'épice» de la fin du 19e siècle à Port-au-Prince.
Maison «de pain d’épice» de la fin du 19e siècle à Port-au-Prince.

Le MUPANAH

Le Musée du Panthéon national haïtien (MUPANAH) fascine par son entrée souterraine menant vers l’impressionnant sarcophage où sont conservés les restes symboliques de Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe et Alexandre Pétion, fondateurs de la Patrie.

Le tombeau siégeant au cœur d’un imposant espace circulaire, abrite une galerie d’expositions sur l’Histoire d’Haïti couvant la période préhistorique indienne jusqu’à nos jours. Les fresques saisissantes bouleversent les émotions.

Images d’oppression, torture, guerre, tapissent les murs du musée: les grands faits historiques illustrant le mouvement révolutionnaire, la libération des esclaves, la proclamation de l’Indépendance d’Haïti (1er janvier 1804).

Un millier d’œuvres d’art, d’objets d’art décoratif, de documents historiques et de pièces archéologiques défilent sous mes yeux ébahis. Je suis subjuguée par le panorama de l’éblouissante peinture haïtienne (1804 à nos jours).

Nous circulons parmi plusieurs groupes d’élèves accompagnés d’un guide-éducateur. On apprend que le MUPANAH, diffuseur de la culture nationale, aspire à renforcer le sentiment d’appartenance culturelle chez les jeunes Haïtiens par le biais de projets scolaires, visites guidées et manifestations culturelles. Un lieu de labeur incessant pour préserver et faire rayonner la culture.

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Notre visite s’achève au superbe restaurant du musée Les jardins du MUPANAH, un joyau architectural arrimant modernité, gastronomie, arts et nature. Le velouté de cresson est délicieux!

Le MUPANAH m’apparaît tel un véritable chef-d’œuvre d’histoire vivante. Une architecture hyper créative introduisant l’incroyable patrimoine culturel et historique d’Haïti. Intense! A voir absolument!

Le tombeau des héros de l'independance au MUPANAH.
Le tombeau des héros de l’independance au MUPANAH.

Musée Ogier-Fombrun

Quelques jours plus tard, notre randonnée patrimoniale se poursuit en direction de Montrouis vers l’Ouest de Port-au-Prince. La ville côtière abrite le fabuleux musée Ogier-Fombrun logé dans une habitation sucrière construite par le colon français Guillaume Ogier en 1760.

Abandonnée en 1799 durant la période révolutionnaire, l’Habitation Ogier figure parmi les rares domaines en Haïti ayant survécu à l’affront du temps. Le site révèle l’œuvre colossale de feu Gérard Fombrun, ingénieur architecte épris de l’Histoire d’Haïti, créateur du musée Ogier-Fombrun.

L’architecte ayant découvert les ruines de l’habitation en 1977, s’est pleinement consacré à la restauration du bâtiment décrit comme un lieu de mémoire et de reconnaissance de l’Histoire du peuple haïtien.

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La bâtisse principale servant autrefois à la fabrication du sucre, évoque la vie et le fonctionnement de l’ancienne habitation. Le domaine recèle une vaste collection de vestiges authentiques.

À l’époque Haïti était la plus florissante des colonies françaises, fournissant les trois quarts de la production mondiale de sucre. Le musée Ogier-Fombrun retrace avec acuité et sensibilité l’Histoire de l’esclavage pour accomplir cet énorme travail.

Un lieu émouvant, établi au cœur de jardins paradisiaques en bord de mer, où la beauté et la bravoure d’Haïti éclatent au grand jour.

Haïti, un patrimoine extraordinaire au potentiel inouï.

Le musée Ogier-Fombrun loge dans une habitation sucrière du 18e siècle.
Le musée Ogier-Fombrun loge dans une habitation sucrière du 18e siècle.

Ce reportage conclut le 2e volet de mon blogue Arts et Culture d’Haïti initié en janvier 2016, portant sur la découverte du terroir culturel et environnemental du pays. Je remercie vivement le ministère du Tourisme et des Industrie Créatives d’Haïti http://www.haititourisme.gouv.ht/pages/home/index.php de sa généreuse hospitalité et particulièrement l’agence Explore Haïti www.explorehaiti-dmc.com conceptrice du programme d’excursions inédites m’ayant permis d’explorer le riche patrimoine d’Haïti et de le partager. L’aventure continuera en 2017.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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