Le mouvement «queer» revendique la normalité

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Publié 29/05/2017 par Lila Mouch

C’est un paradoxe moderne: le mouvement queer, par définition hors-norme et contestataire de l’ordre sexuel établi, revendique aujourd’hui la «normalité» ou l’«homonormativité».

C’est ce qu’on a entendu lors d’un colloque sur le thème Feeling Queer organisé par le Département des études françaises de l’Université de Toronto les 24, 25 et 26 mai dernier.

Participant à une volonté d’identifier, de classer et de nommer la théorie queer, une trentaine de chercheurs internationaux se sont retrouvés durant trois jours de conférences, en anglais et en français – un événement qui, lui-même, se voulait un moyen de normaliser la discussion sur les orientations sexuelles et identitaires.

Le mouvement queer s’ancre dans une multitude d’expériences, dans la littérature, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie et l’histoire. Autant de domaines d’études se situant dans la modernité.

Tremblay avant-gardiste

Pour Jorge Calderon, qui s’est intéressé à la pièce de théâtre Hosanna, de Michel Tremblay, «le potentiel de nombreuses œuvres des années 1970, qui traitaient d’un futur queer normalisé, n’était pas assez reconnu à l’époque».

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«L’œuvre de Michel Tremblay s’inscrit dans la démonstration de l’homonormativité. Elle montre qu’il y a des possibilités et que celles-ci ne sont pas dans des catégories fixes», explique ce professeur de l’Université Simon Fraser.

Queer dans les diasporas

Denis Provencher, directeur du département de français de l’Université de l’Arizona et auteur d’une étude en 2007 sur le mouvement queer en France, s’intéresse à présent aux diasporas magrébines en France et au Canada dans son livre Queer Maghrebi French.

Son point de départ est «le traumatisme lié à la désapprobation», mais plus largement il s’intéresse à «comment l’homosexualité réimagine l’intégration dans la communauté». Il rajoute que «les mécanismes d’intolérance liés aux sans-papiers, aux immigrés et aux travailleurs du sexe s’avèrent être les mêmes pour l’homophobie.»

Une web-série gaie

Déborah Gay, en pleine rédaction de sa thèse pour l’Université à Toulouse, s’intéresse à la production cinématographique des web-séries, à la diversité des gens qui y travaillent et qui y sont représentés.

Avec pour fil conducteur la web-série gaie Les Engagés de la chaîne France-Télévision, la chercheuse pense que «le sujet queer en France est mal représenté, en tout cas tardivement». Selon elle, les réalisateurs, directeurs de distribution et scénaristes sont ouverts à la diversité, tout en cherchant à ne pas «refouler le public hétérosexuel».

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La web-série Les Engagés s’insère dans une nouvelle vague qui ne peut, à terme, qu’impacter le monde de la production classique.

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