L’autre Texas: latine et romantique San Antonio

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Publié 05/04/2016 par Benoit Legault

San Antonio, c’est le Texas historique, à trois heures de route du Mexique. C’est une ville de 2 millions d’habitants où une minorité dans le pays, les Latinos, forme ici la majorité, apportant leur culture colorée. C’est le site du River Walk, un des lieux les plus romantiques en Amérique du Nord.

Une des destinations favorites des Américains (un emploi sur huit est lié au tourisme), San Antonio n’a pas de plages. C’est donc une ville du Sud qui attire peu les Canadiens malgré ses 300 journées ensoleillées par année.

Le Texas projette aussi chez nous une image très carrée avec ses deux plus grandes villes: Dallas et Houston. La capitale Austin et la Latine San Antonio présentent un autre Texas, plus libéral et sensuel.

Quelque 55% de la population de San Antonio est originaire du Mexique voisin. Les Blancs sont surtout originaires de l’Allemagne, de la Scandinavie et de l’Europe de l’Est (il y a ici peu de Noirs et d’Asiatiques). Le contraste est puissant entre les deux groupes. L’harmonie actuelle est le couronnement de siècles de métissage culturel et de compromis mutuels.

Le Texas interculturel

«Nous sommes un musée du 21e siècle, notre but est de mettre en lumière les réalisations interculturelles et non d’afficher les spécificités nationales», précise un commentaire de l’Institute of Texan Cultures.

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Ce musée de l’Université du Texas montre comment le caractère texan a été formé par 26 cultures nationales, incluant celle de la France, venue ici tenter d’étendre et consolider les frontières de son empire nord-américain.

Plus tard, ce sont les États-Unis qui voudront étendre leur territoire aux dépens du territoire conquis par le Mexique. David Crockett et sa bande d’«Anglos» du Nord seront tués ici en 1863 par l’armée mexicaine lors de la célébrissime bataille de l’Alamo. La visite ne manque pas de catalyser moult émotions.

Cette mission espagnole, désignée par l’UNESCO patrimoine culturel de l’humanité l’été dernier, est dans le centre historique de San Antonio, elle-même une des plus vieilles villes du continent.

Le «South Texas», où est San Antonio, a connu des siècles d’occupation espagnole et mexicaine. Les autochtones et ensuite les hispanophones de cette région n’établissaient pas le Rio Grande comme une frontière. Le South Texas actuel faisait partie intégrante du territoire au sud du Rio Grande, qui est aujourd’hui mexicain.

Plus mex que tex

Ce territoire demeure mexicain de plusieurs manières. La nourriture et la culture tex-mex sont ici nettement plus mex que tex.

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À San Antonio, on récolte le meilleur des deux mondes: la chaleur et la couleur des hispanophones, encadrée par l’efficacité et l’organisation des Américains. À une époque où voyager au Mexique hors des secteurs touristiques fait peur, visiter San Antonio permet d’aller à la rencontre du Mexique dans une ville sécuritaire.

Il y a ici au moins trois Mexique. Celui du secteur historique et touristique, fait de mariachis et de nourriture bon marché assez bien faite, celui des musées et des restaurants haut de gamme qui montrent des visages très évolués du Mexique, et celui de quartiers latinos populaires où beaucoup de gens ne parlent pas anglais, même des serveurs de restaurant!

Attractions fortes

Les choses à faire et à voir sont variées à San Antonio, incluant notamment le plus grand marché mexicain hors du Mexique.

La plus belle découverte demeure néanmoins la River Walk. À la fin des années 1930, des visionnaires ont planifié l’aménagement de la petite rivière San Antonio au cœur du centre-ville historique. Graduellement, la jolie promenade a attiré des restos-terrasses, des boutiques, des hôtels et toutes sortes d’animations festives.

Aujourd’hui, la River Walk un des meilleurs exemples au monde de renouvellement urbain. L’endroit est si bien conçu qu’on a souvent l’impression d’y être dans une Europe de rêve. Le River Walk reçoit parfois trop de touristes pour son bien, surtout par de belles soirées de week-end, mais c’est un lieu magique que vous n’oublierez pas de sitôt.

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Gastronomie latine

À San Antonio, on peut faire une tournée gastronomique de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud.

Au Nao, un Latin gastro bar, propose un plat comprenant des ceviches du Mexique, d’Ecuador et du Pérou. Le Nao est le restaurant du Culinary Institute of Arts, l’école culinaire nationale des États-Unis (on peut y prendre des cours).

L’institut a une école spécialisée dans la nourriture panaméricaine; une gastronomie qu’on dit aussi variée que celle de la Chine. En prime, il faut essayer les nombreux coquetels à base de tequila, une spécialité de San Antonio.

Le Nao et son institut culinaire sont situés à 2 km du centre-ville, au cœur du Pearl Brewery Complex. Cette brasserie majeure a fermé ses portes dans les années 1990. Depuis 15 ans, de jeunes entrepreneurs transforment ce périmètre industriel en une grande success-story du renouvellement urbain.

Au bord de la rivière San Antonio, on y trouve 13 boutiques originales, 14 restaurants exceptionnels et un grand hôtel, le Emma, qui mérite une visite même si on n’y dort pas. L’immense et sympathique restaurant Southerleigh permet de goûter aux poissons frais du golfe du Mexique, accompagnés de plus de 20 bières brassées sur place. À essayer, des «grits» crémeux au lieu des pommes de terre.

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Ce restaurant représente bien San Antonio, une destination à la fois exotique et familière.

Essayé et apprécié

Un accent étonnant est mis sur l’art public et l’art contemporain à San Antonio. La recherche ambiante d’esthétisme est évidente.

Plusieurs musées surprennent par leur taille et la qualité de leurs collections. Le San Antonio Museum of Art est certes spécialisé dans l’art latino-américain et texan, mais les collections antiques sont si vastes et originales qu’il faut prévoir pas mal de temps pour ne pas quitter frustré.

Par ailleurs, le Briscoe Western Art Museum a pour mission de raconter l’histoire de l’Ouest américain par le biais d’objets d’art. Plusieurs mythes sont déboulonnés dans cet effort de rattacher l’art de l’Ouest à sa réalité.

Mokara Hotel & Spa: Au bors de la River Walk, ce 5 étoiles historique affiche un service d’une gentillesse inouïe. La piscine sur le toit est un havre de paix; un luxe rare aujourd’hui aux États-Unis, même dans les palaces.

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Le spa n’est pas le plus grand ni le plus beau, mais la qualité des soins est remarquable. Le massage signature est un parfait compromis entre un massage thérapeutique et un massage relaxant. Il y a de bons hôtels 3 étoiles en marge du centre-ville, mais si vous pouvez vous payer le Mokara, n’hésitez pas.

Proche de l’hôtel Mokara, le Boudro’s Bistro propose d’excellents plats surtout latinos dans une des plus jolies portions de la River Walk. Les prix sont doux et le service très gentil. Le Boudro en question est d’origine cadienne; la Louisiane n’est qu’à quelques heures de route…

Entre le centre-ville et la mission San José, le boulevard Roosevelt traverse des quartiers hispaniques défavorisés. On y trouve des restaurants propres sympathiques et pas chers du tout. À la Taqueria Guadalajara, je me suis délecté et rassasié pour moins de 10$, incluant un Coke mexicain (fait avec du sucre de canne, sans fructose).

Infos: visit sanantonio

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

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