La vie politique française canadianisée?

Ces élections de 2017 marqueraient «la fin des idéologies»

L'Assemblée nationale française sera dominée par une majorité de La République en marche, le parti du nouveau président Emmanuel Macron.
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Publié 13/06/2017 par François Bergeron

Les Français ont confirmé dimanche, au premier tour des élections législatives, la victoire du centriste Emmanuel Macron à la présidentielle du mois dernier, en élisant une forte majorité de députés de son parti ad hoc, La République en marche (LREM).

Selon les projections des experts, LREM et son allié centriste le MODEM obtiendraient au second tour, dimanche prochain, plus de 400 sièges à l’Assemblée nationale (dont Roland Lescure pour l’Amérique du Nord), contre une centaine pour le parti conservateur Les Républicains et ses alliés, une vingtaine chacun pour le Parti socialiste et France insoumise, et pas plus de cinq pour le Front national.

Roland Lescure
Roland Lescure

Malgré un taux d’abstention record (51%), l’ascension fulgurante d’Emmanuel Macron et de son mouvement semble doter la France – et l’Europe – d’un gouvernement solide, dynamique et optimiste, après des années de frustrations et de stagnation.

(Tout un contraste avec les élections de l’autre côté de la Manche, jeudi 8 juin, où la Première ministre Theresa May a perdu la majorité qu’elle détenait au Parlement, juste avant le début des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Après le référendum tumultueux de l’an dernier, les Britanniques n’ont pas apprécié d’être encore dérangés inutilement deux ans avant la fin traditionnelle du mandat du gouvernement.)

Toronto

À Toronto, le principal soutien d’En Marche! sur les médias sociaux, Thomas Gallezot, estime que «LREM est bien partie pour être à la France ce que le Parti libéral est au Canada» (c’est un compliment), après la débandade des deux partis qui se sont partagés le pouvoir tout au long de la Ve République. Selon lui, le Front national et la France Insoumise deviendront les deux pôles de l’opposition.

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Thomas Gallezot
Thomas Gallezot

Le conseiller consulaire torontois Marc-Albert Cormier, un centriste de l’UDI (Union des Démocrates et des Indépendants) allié aux Républicains pour ces législatives, pense lui aussi que LR et le PS «seront soumis a des pressions internes terribles, avec risque d’éclatement de tous côtés».

Il ne se réjouit pas de cette super majorité de LREM. «Nous risquons fort d’avoir une assemblée de novices godillots, du jamais vu depuis l’élection de Louis Napoléon Bonaparte», dit-il à L’Express.

Réformes

M. Cormier prédit une éventuelle fracturation de cette majorité «et la création de factions frondeuses dès qu’il sera question de réformer et de heurter aux réalités».

Au sujet de la principale promesse d’Emmanuel Macron, la libéralisation du marché du travail, Thomas Gallezot croit que le défi va être de «surmonter la résistance de l’administration et de la technostructure». Parmi les nouveaux députés LREM, dit-il, «plusieurs viennent de cette technostructure ou ont fait partie des cabinets ministériels sous François Hollande».

Marc-Albert Cormier
Marc-Albert Cormier

Selon lui, le futur/probable député de l’Amérique du Nord, Roland Lescure (ex-numéro 2 de la Caisse de dépôt et de placement du Québec), «aura un rôle très important à jouer, car il est complètement extérieur à cette technostructure qui, à mon avis, est la principale responsable de l’inertie de la France et de son incapacité à se réformer et à s’adapter au monde du 21e siècle».

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Deux macronistes

Marc-Albert Cormier, qui appuie le député sortant Frédéric Lefebvre, constate avec un certain dépit que «l’électorat a voulu soutenir le candidat quasi-inconnu du parti présidentiel».

Face à son score désastreux (il n’y a un second tour en Amérique du Nord que parce que la participation a été très faible), M. Lefebvre, qui a été ministre sous Nicolas Sarkozy, a annoncé entre les deux tours qu’il s’affranchissait de son parti LR.

Déjà, il était considéré comme l’un des plus centristes des Républicains, certains partisans de LR expliquant sa défaite par le fait que les électeurs, face à deux macronistes, ont voté pour le «vrai».

Frédéric Lefebvre
Frédéric Lefebvre

Normalisation

Thomas Gallezot ne s’inquiète pas du taux d’abstention pour ces législatives, trouvant même qu’il reflète une «normalisation» de la situation en France.

Dans le passé, explique-t-il, «la forte participation était due à la rémanence des idéologies dominantes, socialiste d’un côté, conservatrice de l’autre, dont l’affrontement quasi guerrier mobilisait les troupes».

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Cette année, dit-il, «la campagne s’est moins faite sur des slogans et plus sur des idées, donc ne vont voter que celles et ceux qui s’intéressent à la politique et à la manière dont le pays est gouverné». On peut s’en attrister, mais «ce n’est pas anormal et ne présage en rien une insurrection sociale comme certains le prédisent».

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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