Faire confiance pour donner confiance

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Publié 01/06/2015 par Lisa Ihnat

Lorsque votre enfant a commencé à marcher par lui-même, vous vous êtes vite rendu compte à quel point vos réactions influençaient ses chances de réussite.

Une expression de crainte sur votre visage et ses pas devenaient instables; un air de panique chez vous et très vite, il tombait. À un moment donné, il fallait choisir d’avoir confiance en lui, de croire qu’il allait y arriver par lui-même, en tombant mille fois s’il le fallait, en souffrant un peu aussi.

Mais cette confiance, comment l’adopter vis-à-vis des enfants plus grands?

Les dangers, les menaces deviennent plus diverses, plus imprévisibles et plus difficiles à maîtriser par les adultes. La nature du risque et les conséquences d’une chute risquent aussi de s’intensifier avec l’âge du jeune.

Si quelqu’un l’insulte ou le maltraite, est-ce que je vais le savoir? S’il vit une expérience difficile sur Facebook, vers qui va-t-il se tourner? S’il a pris une décision qu’il regrette et qu’il ne sait pas s’en sortir, va-t-il me demander de l’aide?

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Le fait de ne pas connaître la réponse à ces questions peut laisser à de nombreux parents un véritable sentiment d’impuissance.

Une personne en soi, distincte et capable

Garry Landreth (2012), thérapeute infantile célèbre, nous propose plusieurs principes importants au sujet des enfants:

1. Les enfants sont uniques et méritent le respect (ils ont besoin d’être valorisés pour les traits uniques possédés)

2. Les enfants sont résilients (ils ont une énorme capacité à surmonter des obstacles)

3. Les enfants possèdent une tendance innée vers l’épanouissement et la maturité (il existe chez eux une sagesse innée)

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4. Les enfants sont capables de s’auto-diriger de façon positive (ils ont une capacité à gérer le monde de façon créative)

Selon ces principes, les enfants voudraient, à la base et de façon innée, bien vivre dans le monde, s’épanouir et se réaliser tout en trouvant des solutions positives à leurs difficultés.

Difficile à croire par moments lorsqu’on les voit faire certains choix! Pourtant, une relation entre un adulte et un enfant qui tiendrait compte de ces principes aurait pour effet de favoriser le sentiment de confiance en soi du jeune, d’alimenter sa capacité à résoudre des problèmes, et de l’encourager à employer la sagesse et la créativité dont il dispose déjà.

Comprendre avant de lui apprendre

Mais que faut-il faire en tant que parent alors? Il faut dire que certaines situations dépassent même le sens de la créativité le plus développé d’un enfant (par exemple celles qui compromettent la sécurité).

Or, comprendre l’enjeu serait le point de départ. Offrir des conditions dans lesquelles votre enfant peut se confier à vous ou à autrui est primordial. Êtes-vous vraiment disponible pour l’entendre, peu importe ce qu’il pourrait vous dire?

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Avez-vous évalué l’incident selon ce que votre enfant ressent ou selon vos propres idées? Cherchez-vous le mensonge caché derrière son discours ou essayez-vous de le croire? Êtes-vous pressé de lui apprendre une leçon ou cherchez-vous à le connaître, dans ce qu’il pense, dans sa façon de réagir, dans ses nombreuses tentatives de régler la situation par lui-même?

La perception que les enfants se construisent d’eux-mêmes dépend énormément de la perception que nous leur communiquons. «Mon père me fait confiance. Je suis quelqu’un en qui on peut faire confiance. Je mérite d’être confiant. J’ai confiance en moi.»

Finalement, à qui le contrôle?

L’inconnu fait peur. La crainte de ne pas être au courant de ce qui se passe dans la vie de votre enfant, surtout si vous anticipez des difficultés, peut susciter chez vous toutes sortes de réactions.

Paul Ekman (2009), chercheur et spécialiste international sur les mensonges (incluant les omissions), nous explique que la raison la plus courante qui pousse les êtres humains à mentir, c’est d’éviter de se faire punir.

Ensuite, on retrouve le désir de protéger les sentiments des autres, d’éviter de se sentir humilié ou gêné, et d’affirmer son droit à la vie privée et à l’autonomie.

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Malheureusement, on peut voir comment certaines techniques parentales qui ont pour but de découvrir ce qui se passe dans la vie des enfants (comme l’intrusion et la culpabilisation) peuvent être très contreproductives à cet égard.

Une relation de soutien qui respecte l’intimité de l’enfant, qui le traite comme capable et fiable, et qui est claire dans ses buts et ses moyens (qui évite de manipuler pour prendre le contrôle) pourrait bien favoriser l’autonomie chez l’enfant, une capacité à aller de l’avant lorsque vous n’êtes pas à son coté.

Finalement, le plus gros cadeau que vous pouvez lui faire, c’est la confiance qu’il y arrivera un jour, et ceci par lui-même.

* * *

Lisa Ihnat est psychothérapeute à ESPACE JEUNESSE – Service de santé mentale pour les jeunes de 7 à 18 ans, partenariat entre le Centre francophone de Toronto et le Hincks-Dellcrest Centre. 416 922 2672, poste 290.

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