Evora, perle de l’Alentejo

Place du Giraldo à Evora.
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Publié 13/12/2016 par Aurélie Resch

Dans le sud du Portugal, l’Alentejo déroule ses immenses champs de blé, ses chênes liège et ses oliviers, couvrant cette partie du pays d’une certaine douceur qui prend des teintes d’ambre et d’or quand la lumière joue sur les terres. C’est la partie du pays dans laquelle on retrouve de nombreuses ruines romaines et une influence mauresque.

C’est aussi dans cette région qu’Evora, élue patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, s’érige comme musée d’Histoire à ciel ouvert.

Durant la guerre civile romaine qui opposa Jules César à Pompée, Evora resta fidèle César. Elle fut récompensée par le titre honorifique de Liberalitas Julia. Le temple romain, dédié à Diane, témoigne de l’importance de la ville à cette époque (1 siècle après J.C.). En admirant le podium rectangulaire bordé de colonnes corinthienne, je trouve une élégance à cette ville, que viennent étoffer monuments religieux et historiques, bâtiments blancs aux fenêtres cerclées d’ocre.

Evora est fière. De son histoire. De son métissage: une citerne arabe trône dans l’église des Loios, l’une des plus belles du Portugal, mêlant styles gothique, manuelien et Renaissance, deux tours médiévales (dont la célèbre Tour des cinq côtés) du Palais des ducs de Cadaval, une impressionnante collection de peinture portugaise et flamande du XVIe siècle et d’azulejos dans son musée…

Mes yeux ne savent où se poser tant la ville recèle de merveilles architecturales. La cathédrale est elle aussi un joyau alliant style roman, gothique et manuelien, d’une grande finesse.

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Le tremblement de terre qui secoua le Portugal en 1755 donne des résultats intéressants dans la restauration de certains monuments avec inversion des styles. Là où le roman devrait précéder le gothique, on note un portail dont le style gothique supporte une voûte romane…

La grande place du Giraldo invite à prendre un verre sous les toiles pour mieux admirer la fontaine Renaissance baroque qui fait face à l’église Santo Antao. C’est le centre d’Evora. Là où l’on vient manger, discuter, magaziner.

Les touristes affluent sous les arcades médiévales manger un bout et acheter des souvenirs. J’y prends le temps d’observer et de voir les heures s’étirer. Il y a un côté alangui à cette ville qui me plait.

Les élégantes demeures me regardent tout en faisant discrètement miroiter leur richesse. Les couleurs douces des façades enchantent la vue. Il ne manque qu’un peu d’ombre pour échapper à la canicule implacable.

Le commerce du liège laisse paraître l’importance de sa présence dans cette partie du Portugal. Dans les boutiques, il se décline à tous les modes : plats, bouchons, chaussures, sacs, bijoux, chapeaux… Le liège et sa couleur miel sont partout. En témoignent les cargaisons des camions croisées sur la route en venant et en partant.

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Difficile d’imaginer le drame des habitants dans les rues chauffées à blanc de cette bourgade endormie, de cette Belle à l’architecture majestueuse, à l’Histoire si riche.

«Vous savez, les gens ici, le peuple, a été asservi», me dit-on. «Il travaillait du matin à 5h jusqu’au soir ,dans les champs, à couper à la faux le blé. Les femmes enceintes donnaient naissance dans les champs, travaillant jusqu’è leur accouchement. La vie était terrible ici jusqu’à la révolution des œillets en 1974. La dictature, c’était l’esclavage pour les gens. Interdiction de se rassembler, de jouer, de vivre.»

Evora semble aujourd’hui avoir retrouvé la paix et s’enorgueillit de ses richesses, de ses grandes rues et places carrées, de ses visiteurs du monde entier venus l’admirer. Une ville qui ne semble pas souffrir d’une économie déficiente et qui reste le joyau de l’Alentejo.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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