Effondrement au Bangladesh: Loblaws s’engage à améliorer la sécurité des employés

Plus de 1125 morts

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Publié 07/05/2013 par The Associated Press et La Presse Canadienne

à 21h09 HAE, le 14 mai 2013.

TORONTO – Loblaw a annoncé mardi qu’elle signerait une entente pour améliorer la sécurité en matière d’incendie et des bâtiments au Bangladesh, où l’effondrement d’un édifice abritant plusieurs manufactures de vêtements a fait plus de 1125 morts en avril.

La compagnie faisait fabriquer dans cette bâtisse certains articles de sa gamme Joe Fresh.

Dans un communiqué, Loblaw a indiqué que cette décision témoignait de son désir de maintenir ses activités au Bangladesh et de sa certitude qu’une collaboration entre les détaillants, les manufactures, le gouvernement et les organisations non gouvernementales était essentielle pour assurer des changements à long terme dans le pays.

L’entreprise a également affirmé qu’elle tiendrait parole et enverrait de ses propres employés sur place afin qu’ils puissent lui rapporter directement ce qui s’y passe.

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L’accord sur la sécurité incendie et bâtiments au Bangladesh est une entente d’une durée de cinq ans visant à améliorer la sécurité des travailleurs de l’industrie du vêtement bangladaise.

Plusieurs grands détaillants ont également signé l’entente, dont Benetton, H&M, C&A, Tesco, Primark et Inditex, propriétaire de Zara.

L’accord exige que les compagnies effectuent des inspections indépendantes en matière de sécurité, publient leurs rapports sur les conditions de travail et paient les réparations nécessaires.

En vertu de l’entente, les entreprises devront par ailleurs verser jusqu’à 500 000 $ par année pour financer l’initiative, cesser toute transaction avec les usines qui refusent d’améliorer la sécurité de leur bâtiment et permettre aux employés et à leurs syndicats d’avoir leur mot à dire dans ce dossier.

Des groupes de travailleurs ont félicité les détaillants ayant accepté de signer l’accord. Selon eux, cette entente contribuera à améliorer les conditions de travail dans l’industrie du vêtement au Bangladesh, réputées pour être médiocres. Depuis 2005, au moins 1800 employés de ce secteur ont été tués dans diverses circonstances.

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L’accord survient deux ans après qu’une proposition similaire avancée par des syndicats eut été rejetée par plusieurs compagnies qui l’estimaient trop coûteuse et trop contraignante sur le plan légal. Le plus récent pacte est une version amendée du précédent.

La rescapée reprend des forces

Au Bangladesh, la jeune femme qui a été tirée vivante des décombres 17 jours après l’effondrement reprend lentement des forces.

Reshma Begum a indiqué aux journalistes lundi, depuis son lit d’hôpital, qu’elle ne s’attendait pas à être retrouvée vivante. Elle a aussi déclaré qu’elle ne travaillera plus jamais dans l’industrie du vêtement.

La couturière de 19 ans a été secourue vendredi. Elle a expliqué avoir survécu en mangeant des aliments secs et en buvant de l’eau embouteillée.

Par ailleurs, les travailleurs de l’industrie du textile au Bangladesh peuvent dorénavant se syndiquer sans tout d’abord obtenir la permission de leurs employeurs.

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La mesure a été annoncée par le gouvernement lundi. La veille, le gouvernement avait annoncé son intention de hausser le salaire minimum pour les employés de l’industrie du vêtement. Ces travailleurs fabriquent des vêtements pour le compte de multinationales, mais ils reçoivent certains des salaires les plus faibles au monde.

Ces deux mesures sont perçues comme une réponse directe à la catastrophe du 24 avril.

Une loi adoptée en 2006 permettait aux travailleurs du textile de se syndiquer, mais uniquement avec l’autorisation de leurs patrons. Ces derniers n’avaient jamais autorisé la formation de syndicats, estimant que cela mènerait à l’indiscipline des ouvriers.

L’effondrement de l’usine, le 24 avril, le pire accident dans toute l’histoire de l’industrie, a soulevé des inquiétudes à propos des conditions au sein de la puissante industrie textile du Bangladesh, qui fabrique des vêtements pour d’importants détaillants de partout sur la planète.

Les conditions de travail au sein de cette industrie de 20 milliards $ US sont difficiles, résultant de la corruption gouvernementale, du besoin urgent de se trouver un emploi, et de l’indifférence de l’industrie. Le salaire minimum pour les employés de l’industrie a été haussé pour la dernière fois en 2010 sous la forme d’un bond de 80 pour cent, à 38 $ US par mois, à la suite de manifestations des employés.

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Les secouristes ont annoncé que 1125 corps avaient été récupérés des ruines du Rana Plaza, en date de dimanche soir. Le bâtiment abritait cinq ateliers de confection employant des milliers de travailleurs.

Des pluies nocturnes ont ralenti les travaux, mais les équipes étaient bientôt de retour à l’oeuvre en utilisant des grues hydrauliques, des bulldozers et des pelles alors qu’elles continuaient de chercher des cadavres, plus de deux semaines après la chute de l’immeuble de huit étages.

Manifestations

Des centaines de travailleurs qui ont survécu à l’effondrement de l’immeuble avaient manifesté la semaine dernièr pour réclamer une compensation.

Les autorités ont plus tard commencé à octroyer salaire et autres bénéfices à ces survivants.

Les cinq usines du bâtiment fabriquaient des vêtements pour les détaillants majeurs de la planète, dont Joe Fresh, du géant canadien La Compagnie Loblaw.

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Le désastre est la pire catastrophe industrielle du Bangladesh et le pire accident du secteur du vêtement dans le monde, ainsi que l’un des plus graves accidents de travail jamais survenu sur la planète.

Personne ne sait à combien s’élèvera le bilan, puisque le nombre exact de personnes qui se trouvaient dans l’édifice Rana Plaza au moment de son effondrement n’est pas connu. Plus de 2500 personnes ont été secourues vivantes.

Des centaines de ces survivants ont bloqué une importante route près du site de l’accident, en banlieue de Dacca, pour réclamer le versement de leurs salaires et d’autres compensations. On ne signale aucun incident violent, mais la circulation automobile a été perturbée pendant plusieurs heures.

Un responsable a indiqué que les autorités locales collaborent avec l’Association des manufacturiers et exportateurs de vêtements du Bangladesh pour assurer que les travailleurs seront payés.

Les travailleurs, qui gagnaient à peine plus que le salaire minimum d’environ 38 $ US par mois, exigent au moins quatre mois de salaire. Ils ont accepté de libérer la route après qu’on leur eut promis qu’ils seront payés au cours des prochaines heures.

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Le Bangladesh tire 20 milliards $ US par année de l’exportation de vêtements, essentiellement vers l’Europe et les États-Unis.

Les autorités n’ont pas fixé de date limite pour la fin des opérations de recherche, disant qu’ils continueront jusqu’à ce que tous les corps et les débris seront retirés.

Les responsables allèguent que le propriétaire de l’immeuble a illégalement ajouté trois étages au Rana Plaza et qu’il a permis aux usines de vêtements d’y installer de la machinerie lourde et des génératrices.

Accusations de meurtre?

Des accusations de meurtre pourraient être déposées contre le propriétaire de l’immeuble qui s’est effondré.

La femme d’une victime, Sheuli Akter, a déposé ces accusations, affirmant que son mari et les autres victimes ont été poussés à leur mort par Mohammed Sohel Rana et deux autres personnes.

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Le magistrat de Dacca, Wasim Sheikh, a ordonné à la police se pencher sur la plainte de Mme Akter. Le commissaire de la police locale, Mohammed Asaduzzman, a promis l’ouverture d’une enquête. Une condamnation pour meurtre est passible de la peine de mort au Bangladesh.

Rana et neuf autres personnes ont déjà été arrêtées et font l’objet d’une multitude d’accusations.

Dimanche, un architecte dont la firme a conçu les cinq étages originaux de l’édifice a expliqué que l’immeuble avait été conçu pour servir de centre commercial et non pour accueillir des travaux industriels lourds. Rana est soupçonné d’avoir ajouté illégalement trois étages pour permettre la venue de fabriques de vêtements et l’installation de génératrices. Les vibrations générées par les machines auraient contribué à la catastrophe.

Le maire et l’ingénieur arrêtés

Les autorités ont arrêté le maire de Savar, la banlieue de Dacca où s’est produite la catastrophe, et l’ingénieur qui aurait aidé le propriétaire de l’édifice à y ajouter trois étages illégaux. Ce même ingénieur, Abdour Razzak Khan, avait demandé l’évacuation de l’immeuble la semaine dernière.

On reproche au maire de Savar, Kabir Hossain Sardar, d’avoir déclaré que l’édifice était sécuritaire après l’avoir inspecté la veille de l’effondrement.

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Un enquêteur gouvernemental a indiqué vendredi que des matériaux de mauvaise qualité, combinés à la vibration des machines utilisées par les cinq fabriques de vêtements qui logeaient au Rana Plaza, ont mené à la catastrophe. La structure affaiblie a été secouée encore davantage par les puissantes génératrices qui ont été allumées en raison d’une panne de courant survenue environ 15 minutes avant l’effondrement.

Le propriétaire de l’édifice illégal de huit étages, Mohammed Sohel Rana, devrait faire face à des accusations de négligence, de construction illégale et d’avoir contraint ses employés à travailler. Des accusations plus graves pourraient éventuellement être portées contre lui.

Mardi dernier, la justice bangladaise a ordonné la saisie des avoirs de Rana et de cinq responsables des fabriques de vêtements qui se trouvaient dans l’édifice.

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