Dormir derrière les barreaux, ça vous dit ?

L’ancienne prison d’Ottawa, transformée en auberge de jeunesse, serait hantée...

L’ancienne prison d’Ottawa: une cellule individuelle. (Photo: Janine Messadié)
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Publié 30/08/2016 par Janine Messadié

Il existe de nombreuses prisons transformées en hôtels de luxes ou en auberge de jeunesse à travers le monde. De Boston à Istanbul, en passant par Helsinki, Amsterdam Londres ou Liepaja en Lettonie, ces centres d’hébergement insolites offerts à des prix abordables, font la joie des voyageurs et des vacanciers, mais attention… car plusieurs sont réputés hantés.

L’ancienne prison d’Ottawa, transformée en auberge de jeunesse après sa fermeture en 1972, fait partie de ces lieux où il se passe des choses mystérieuses et inexplicables.

On raconte que la nuit des bruits étranges se font entendre, qu’une porte de fer se referme sur elle-même inlassablement, et que le huitième étage est habité par le fantôme de Patrick James Whelan (1840-1869), injustement pendu dans la cour intérieure de la prison.

Cet ancien tailleur irlandais fut accusé d’avoir assassiné – le 7 avril 1868 – le politicien et père de la Confédération, Thomas D’Arcy Mc Gee (1835-1868). Même s’il a toujours clamé et juré son innocence Patrick James Whelan fut pendu le 11 février 1869 et sa culpabilité fait encore débat aujourd’hui parmi les historiens.

Édifice impressionnant

Conçue par l’architecte Henry Hodge Horsey (1830-1911), selon les principes de la réforme du système carcéral du 19e siècle, la prison d’Ottawa fut construite entre 1860 et 1862 pour remplacer la première prison d’Ottawa (1842), située dans le sous-sol du palais de justice de la ville.

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Surplombant la rue Nicholas, l’édifice de style géorgien est imposant, massif, solide. Dans le jardin qui l’entoure, à droite, on voit l’ancienne entrée de la prison et sa porte en fer forgé. À gauche, on y a installé un pilori pour divertir et égayer un peu l’endroit, mais il n’est pas d’époque.

À l’intérieur les escaliers menant aux étages et les lourdes portes de bois cloutées sont impressionnants. Les cellules d’isolement avec des chaînes aux murs ainsi que la potence – encore visibles aujourd’hui – rappellent les châtiments que pouvaient subir les détenus.

Officiellement, trois prisonniers furent exécutés dans la prison d’Ottawa, mais officieusement il y aurait eu des dizaines de mises à mort sommaires. Dans les années 1950, la Ville d’Ottawa fit la macabre découverte d’un charnier de quelques 140 cadavres, lorsqu’elle creusa tout proche pour construire le pont Mackenzie-King.

Conditions inhumaines

Considérée comme un modèle carcéral à son époque, la prison du comté de Carleton avait toutefois fort mauvaise réputation. Les prisonniers l’avaient en horreur, en raison des conditions sinistres de ses infrastructures: cellules étroites (à peine 3 pieds par 9) et insalubres (sans éclairage, sans chauffage, ventilation ou toilettes).

Deux prisonniers pouvaient être enfermés dans une même cellule. On oubliait parfois des détenus mis en quarantaine qui mourraient de la fièvre jaune. Dans une aile réservée, des familles entières étaient emprisonnées, n’ayant pas les moyens de payer leurs dettes.

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En raison de ces conditions déplorables, qui ont persisté durant toute l’histoire de la prison, celle-ci fut finalement fermée en 1972.

La vie en prison

C’est le réseau Hostelling International (HI) qui racheta la prison pour la transformer en auberge de jeunesse, de là son nom HI-Ottawa Jail/ Auberge HI-Ottawa. Les éléments carcéraux d’origine ayant préservé, ce lieu imprégné d’histoire est désigné monument historique par la ville d’Ottawa.

Offrant le petit-déjeuner dans ses prix – fruits, jus, céréales, pain, bagels, choix de confitures, œufs durs, lait, café, thé – et le Wi-Fi gratuit, la prison-auberge d’Ottawa a l’avantage d’être située à proximité de tout. Centre Rideau (1 minute), marché By (200m), les édifices du Parlement (800m), le Canal Rideau, les parcs et les musées.

D’ailleurs durant l’été, elle affiche souvent complet.

Les hôtes ont droit à une visite guidée des lieux tous les jours à 11 heures. Offerte seulement en anglais, on nous raconte l’histoire de la prison, la vie des détenus et les phénomènes étranges qui ont lieu la nuit au 8e étage, où plus personne ne loge, sauf le fantôme de Whelan. Pour les autres qui désirent visiter l’édifice, il faut réserver auprès de Haunted Walk, qui offre une tournée guidée des lieux hantés de la capitale.

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Les voyageurs séjournent dans les cellules originales – soit individuelle, à lit double (certaines ayant été fusionnées pour plus d’espace et d’intimité), ou encore dans un dortoir pour 6 personnes (étage impair). Il faut s’attendre à partager toilettes et douches communes.

Si la plupart des hôtes se disent ravis de vivre une expérience originale, inusitée, plusieurs se plaignent de la chaleur (pas d’air climatisé dans l’une des ailes de la prison), de la lumière, du manque d’intimité et surtout du bruit durant la nuit, parfois même des cris… Non, ce n’est pas le fantôme de Whelan qui fait tout ce brouhaha, mais bien les voyageurs.

La raison est simple: le haut et le bas des portes des cellules sont ajourés et munis de barreaux, ce qui laisse pénétrer la lumière des néons du corridor et aussi le son des voisins. Certains d’entre eux peuvent être bruyants, ne respectant pas les consignes de silence. Même chose dans les dortoirs.

Il faut donc vous attendre à un confort minimaliste dans ce cadre inhabituel, unique, et surtout garder l’esprit ouvert pour vivre un séjour atypique et découvrir à quoi ressemblait la vie derrière les barreaux, tout en savourant votre liberté!

Auteur

  • Janine Messadié

    Communicatrice d'une grande polyvalence. 30 ans de journalisme et de présence sur les ondes de Radio-Canada et diverses stations privées de radio et de télévision du Québec et de l’Ontario français. Écrit depuis toujours...

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