Contre un «agenda anti-démocraties libérales»

Le Canada doit défendre ses valeurs – Hugh Segal

Stanislav Kirschbaum, directeur du département d'Études internationales à Glendon, l'ex-homme politique Hugh Segal et Donald Ipperciel, principal de Glendon.
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Publié 09/11/2016 par Thomson Birara

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.

 Thomson Birara est étudiant en journalisme à Toronto au collège d’arts appliqués La Cité.


Pour contrer ce qu’il nomme un «agenda anti-démocraties libérales» des Vladimir Poutine, Marine Le Pen et Donald Trump de ce monde, l’ex-sénateur Hugh Segal croit que le Canada doit jouer son rôle de «moyenne puissance» de façon rationnelle afin d’éviter un déséquilibre des forces entre les «super puissances».

«En géopolitique, l’idéalisme est le seul réalisme»: toutes nos décisions géopolitiques sont prises en fonction de nos valeurs et de nos idéologies.

C’est ce qu’il a expliqué le 2 novembre à l’occasion d’une conférence clôturant les festivités du 50e anniversaire du campus Glendon de l’Université York, devant une cinquantaine de personnes rassemblées au manoir.

Hugh Segal se présente comme «un fier conservateur libéral». Une position incongrue qui fait que «dans les cercles politiques, personne ne me fait confiance», dit-il à la blague.

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Valeurs canadiennes

Une approche pacifiste face aux conflits, donner aux peuples la possibilité de s’autodéterminer grâce à la démocratie, et appuyer l’ouverture et les échanges entre les nations forment «le socle de valeurs» du Canada, ainsi que de tous les pays membres du Commonwealth, de l’OTAN et de l’ONU.

L’ex-chef de cabinet de Bill Davis, puis de Brian Mulroney, sénateur de 2005 à 2014, prévient que, même chez nous alliés, les vertus et les promesses d’ouverture ne doivent pas être tenues pour acquises.

Visant certains pays membres du Commonwealth, comme l’Inde ou l’Ouganda, où les communautés LGBTQ sont fortement persécutées, il rappelle «qu’au-delà des séances de photos avec la reine, il y a un prix à payer pour s’assoir à notre table».

Le Canada sélectif

«Même si on le voulait bien, on ne peut pas danser avec tout le monde en même temps», image Hugh Segal, pour dire que le Canada doit agir de manière rationnelle. Le gouvernement doit concentrer ses ressources et son engagement dans des pays spécifiques au lieu de tenter de résoudre tous les problèmes du monde.

En s’alliant avec d’autres «moyennes puissances» comme l’Australie et l’Afrique du Sud, le Canada peut faire pression sur les pays qui briment les droits de la personne, et leur faire «payer le prix» d’une place au sein de nos organisations.

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En Asie, M. Segal se félicite des bonnes relations entre le Canada et la Corée du Sud (entre autres, la signature d’un traité de libre-échange en 2014). Il souligne que, lorsque la Chine et le Japon ne s’entendent pas, ils font confiance à la Corée du Sud. C’est en négociant avec Séoul qu’Ottawa consolide ses intérêts en Asie de l’Est.

Équilibre des puissances

Un peu comme le statut «conservateur libéral» de M. Segal, le Canada prend des positions géopolitiques contradictoires.

Ottawa appuie Israël en dépit de ce qui se passe à Gaza. Le Canada arme l’Arabie saoudite alors que le régime emprisonne (et fouette!) des journalistes. C’est qu’Israël reste la société la plus proche de la nôtre sur le plan des institutions démocratiques (système judiciaire indépendant, liberté de la presse, élections légitimes), et que l’Arabie saoudite est un allié important dans les perpétuels conflits entre chiites et sunnites.

Il s’agit de «maintenir un équilibre des puissances», selon M. Segal. Face à «l’agenda anti-démocraties libérales» de la Russie, la Syrie et l’Iran, le Canada et ses alliés ne peuvent pas sous-estimer l’importance d’avoir du poids dans la région.

Fauteur de troubles

Et cet agenda anti-démocraties libérales «prend du momentum», estime Hugh Segal. Selon lui, le Brexit, l’avancée du Front national de Marine Le Pen en France, et la popularité de Donald Trump en sont la preuve. Tous ces mouvements ont d’ailleurs reçu le soutien de Vladimir Poutine, le président autoritaire de la Russie.

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Sans avoir recours à la force, le Canada peut faire pression sur la Russie. Le conférencier se réjoui d’ailleuyrs de efforts du gouvernement actuel afin d’établir de nouvelles relations avec la Russie. Du même souffle, il appuie Radio-Canada International pour avoir fermé, en 2012, sa station en Russie (diffusée en russe), un geste symbolique.

C’est ce que M. Segal appelle une politique internationale «nuancée» entre la diplomatie et l’influence culturelle.

«L’idéalisme est le seul réalisme». soutient-il. L’ancien homme politique, aujourd’hui doyen du collège Massey de l’Université de Toronto, insiste que ce principe doit perdurer, «peu importe le gouvernement en place».

Auteur

  • Thomson Birara

    Thomson Birara est étudiant en journalisme à Toronto au Collège La Cité. Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.

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