Comment se battre contre un chef de parti?

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Publié 19/04/2011 par Guillaume Garcia

Gagner une élection n’est jamais très facile, mais gagner une élection contre le chef d’un grand parti est encore moins facile. Imaginez ceux qui se présentent contre Stephen Harper en Alberta, combien de chances ont-ils de gagner? Peu, je vous l’accorde. À Toronto, les chefs du Parti libéral et du Nouveau Parti démocratique se présentent respectivement dans les circonscriptions d’Étobicoke-Lakeshore et Toronto-Danforth. L’Express a rencontré trois candidats qui osent jouer les troubles-fêtes dans les circonscriptions des chefs.

Toronto-Danforth semble une circonscription tout acquise au chef du NPD Jack Layton mais les autres candidats n’ont pas abdiqué. Tout d’abord, le libéral Andrew Lang, qui a répondu aux questions de L’Express, en français.

Consultant en relations gouvernementales, il a participé à la rédaction du Green Energy Act pour l’Ontario.

Des absences

S’il reconnaît que la pauvreté peut être un élément de défi dans Toronto-Danforth, il pense que le principal défi de la circonscription est l’absence de son député Jack Layton. «Il n’est pas là. Tout le monde est excité d’avoir un député ici, qui est vraiment là.»

Résident de East York, le candidat libéral, qui avait déjà participé aux élections en 2008, espère améliorer son score aux prochaines élections et souhaite que tous les libéraux aillent aux urnes, ce qui, selon lui, le rapprocherait beaucoup de Jack Layton. Le député néo-démocrate n’est peut-être pas souvent là mais sa notoriété lui permet de toucher beaucoup d’électeurs rapidement, comme le constate Andrew Lang. «Il utilise la télévision nationale pour adresser ses messages, moi je suis obligé de faire du porte-à-porte.»

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Une vision des choses corroborée par la candidate du Parti vert, Adriana Mugnatto-Hamu, dont les enfants vont à l’école française. «Jack Layton est partout sauf ici, certaines personnes ne se sentent pas représentées. Le système n’est pas assez efficace.»

La victoire semble tout de même assez loin pour la candidate verte, la bataille fédérale poussant les électeurs à un vote stratégique NPD ou libéral, pour affaiblir les conservateurs.

«D’expérience, je dirais que 
80 % des électeurs de la circonscription nous aiment bien, mais après il y a une stratégie. On me dit tous les jours qu’on va voter pour les libéraux ou pour les néo-démocrates. Ils veulent les gros partis pour éliminer Harper. Une victoire n’est pas complètement impossible, et le point positif est que nous augmentons nos scores régulièrement»

L’échelle locale

Mais la candidate ne se résigne pas et continuera ses tournées de stations de métro, le matin et le soir aux heures de pointe, ainsi que son travail de porte-à-porte.

Entrée en politique à cause du changement climatique, cette activiste fait de l’environnement, de la pollution, de la qualité de l’air et de la pauvreté ses arguments de bataille. Si elle accorde au chef du NPD de l’attention à ses sujets, elle regrette que la vision fédérale soit souvent trop large pour agir à l’échelle locale.

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«Nous, on a une plate-forme solide, avec des propositions en matière d’infrastructure, de l’emploi chez les jeunes, mais d’une certaine manière, on est marginalisé à l’échelle nationale».

Si elle n’est pas élue, elle prône la consultation massive des citoyens pour les problèmes tels que les transports publics, les gaz à effet de serre.

D’une manière générale, la candidate verte souhaite que le Canada travaille sur le côté environnement. «On devient comme une république bananière pétrolière. L’économie est beaucoup trop centrée sur l’exploitation des sables bitumineux. On pourrait faire comme l’Équateur, qui a refusé d’exploiter ses sables. Ce n’est jamais bon pour un pays de se développer que dans un sens, surtout si c’est une ressource limitée. Quand il n’y en a plus, on fait quoi?»

Dans l’autre circonscription torontoise témoin d’une course où un chef de parti se présente, on tente d’oublier que la bataille semble perdue d’avance.

Michael Igniatieff ne paraît pas vraiment pouvoir perdre son siège, mais qui sait. C’est exactement ce que se dit Bernard Trottier, le candidat conservateur pour Etobicoke-Lakeshore, qui explique sa campagne à L’Express.

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«Pour le moment, ça va très bien, je suis fortement encouragé. Mon opposant c’est un député, pas un chef.»

La question de l’accès à son député est selon lui un des principaux enjeux de la campagne. «Le nom de Michael Ignatieff est très reconnu, mais des fois c’est un plus et des fois c’est un moins. La plupart des électeurs aimeraient voir leur député plus souvent.»

Bien cibler les électeurs

Consultant en affaires et fier Franco-Albertain de Saint-Paul, il espère attirer la nouvelle vague d’immigration qui s’installe régulièrement à Etobicoke.

«Les nouveaux arrivants ont des valeurs très proches de celles du Parti conservateur, la famille, le travail. Donc on essaie de faire passer notre message.»

Côté économique, le candidat conservateur veut mettre en avant les entreprises, comme le propose son parti. «Les affaires, les entreprises, tout découle de cela. Les arts, la culture, c’est bien, mais il faut de l’argent pour ça.»

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Avec son équipe, il est sur le terrain tous les jours, dans le métro, dans les lieux publics, au porte-à-porte, dans les cafés. «Les votes se font un par un.» Pour espérer gagner, il va lui falloir mobiliser les foules. Le taux de participation au vote était de 59 % en 2008, Bernard Trottier aimerait qu’il soit de 80 % en mai prochain.

Les sondages disent qu’il ne faut pas s’attendre à des retournements de situations dans ces circonscriptions, mais lors d’une élection tout reste possible. Bonne chance aux candidats!

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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