Chronique panaméenne (1): C’est le centenaire du fameux canal

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Publié 08/04/2014 par Jacqueline Brodie

Nouvelle étoile des revues spécialisées en tourisme, Panama a la cote d’amour des voyageurs en quête de monts et merveilles. Notre correspondante y réside depuis plusieurs mois.

Accueillante la République de Panama? Bras grands ouverts, l’un s’étirant direction Sud-Est jusqu’à la Colombie – l’autre poussant à l’Ouest vers le Costa Rica, ce chaud petit pays contient, en ses modestes 78 200 km2 de superficie, plus de biodiversité au km2 que l’Amazonie: 225 espèces de mammifères, 226 espèces de reptiles, 170 d’amphibies et 929 d’oiseaux, plus de neuf mille variétés de plantes.

Une richesse bientôt illustrée concrètement au spectaculaire BioMuseo de la capitale, œuvre du fameux architecte natif de Toronto Frank Gehry.

Le canal

La tête dans l’Atlantique, les pieds dans le Pacifique, le Panama – passerelle reliant l’Amérique Centrale à l’Amérique du Sud –possède en son centre un trésor, source, littéralement, de sa contemporaine prospérité: le Canal.

En 1880, l’ingénieur français Ferdinand de Lesseps (auteur du percement du Canal de Suez) lance le projet d’un canal traversant le Panama, reliant le Pacifique à l’Atlantique.

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Les travaux débutent avec 30 000 Antillais expédiés sur les lieux. Après 8 ans d’efforts et la mort de 20 000 ouvriers, de Lesseps abandonne la construction. Engluée dans un énorme scandale politico-financier, la Compagnie du Canal fera banqueroute.

En 1898, les États-Unis décident de prendre en charge la construction du Canal. Il leur faut négocier avec la République de la Grande Colombie, dont Panama fait alors partie, pour obtenir les droits de contrôle du projet pharaonique. Refus catégorique de la Colombie. S’ensuivra une saga politico-financière à l’issue de laquelle, en 1903, encouragé par les États-Unis, Panama quitte la Colombie et déclare son indépendance.

En 1904, les Américains rachètent alors à la France équipements et infrastructures et acquièrent, pour la dérisoire somme de $10 millions le contrôle – à perpétuité – du Canal et de sa Zone.

Reprise des travaux et installation de plusieurs milliers d’Américains, civils et militaires; sorte d’état dans l’état qui créera maintes frictions. Les travaux s’achèveront en 1914.

Le protocole, renégocié en 1979 avec le traité Carter-Torrijos, après bien des péripéties – dont le sanglant épisode de l’invasion du Panama par l’armée américaine en 1989 – aboutit à la rétrocession définitive du canal à la République du Panama en 1999.

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Désormais géré par l’entité juridique «Canal de Panama», le Canal dont on célèbre cette année le centenaire, a généré 800 millions $ de profit en 2013, soit 10% des revenus fiscaux du pays. Son extension, en cours de réalisation, permettra le passage des énormes bateaux représentant désormais 30% de la flotte mondial, donc d’accroître ses revenus…

Panama City

Caressée par l’Océan Pacifique, elle vibre, tonitrue au rythme hyper-accéléré du 21e siècle. Produit d’une tumultueuse et fascinante histoire, elle est intense, opulente, contrastée, déconcertante et séduisante, la capitale!

Fondée en 1519 par le conquistador Pedro Arias Dàvila, Panama devient le lieu de transit de l’or et de l’argent du Pérou vers l’Espagne et prospère rapidement. Butin fabuleux à l’horizon pour le pirate Henry Morgan.

En 1671, c’est l’assaut. Le flibustier débarque avec ses troupes. Mise à sac, ville incendiée. Une nouvelle ville sera construite 2 ans plus tard, 8 km plus loin.

C’est aujourd’hui le charmant vieux quartier Casco Antiguo, longtemps négligé, désormais en voie de revitalisation. Son architecture, témoin des influences françaises et espagnoles, séduit de nombreux expatriés qui s’y installent, contribuant grandement à sa renaissance. Site touristique important, le Casco Antiguo est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

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Panama City, ville complexe, alliage d’ultra moderne et de traditionnel, de richesse et d’indigence; elle fait le bonheur de ses habitants, proclamés, selon un récent sondage, «les gens les plus heureux du monde»!

Bonheur qui éclate avec force décibels; musique à fond la caisse des magasins, vacarme assourdissant des klaxons rythmant les embouteillages, aggravés par la construction d’un métro. Patience! la première ligne sera bientôt fonctionnelle.

Pollution

En attendant, pollution intense! Chacun semble s’y faire. En témoigne la douceur des visages souriants croisés sur votre chemin vous saluant d’un gentil «buenas»…

Ici et là, crevant l’asphalte, des arbres gigantesques bravent le 21e siècle urbain, leurs fleurs tendres ou éclatantes, parfois parfumées défiant la pollution. Ils en ont vu d’autres!

Le bruit… n’allez pas croire qu’il se limite au niveau terre ferme. Entre ciel et bitume, des cris stridents ponctuent quotidiennement le vacarme! Ça piaille à qui mieux mieux. En levant le nez, il n’est pas rare d’assister à une corrida ailée.

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Vu: un tangara bleu se faisant houspiller vertement… par un perroquet vert. Histoire de territoire. Par milliers, ces petits perroquets régentent avec stridence les cieux de la capitale. Gangs des airs!

Panama City, ville dangereuse?… Pour l’intrépide aventurier prétendant découvrir en flânant les multiples visages de la ciudad, certes! Au gré des marteaux piqueurs, des bétonneuses s’activant dans tous les espaces vacants du centre-ville, victimes de travaux inachevés, les trottoirs se défoncent, parfois disparaissent.

Galopante urbanisation! La forêt des gratte-ciel envahissant l’espace ne se répand pas sans dommages collatéraux.

La marche à pied dans la ville: un sport extrême! Pourquoi, objecterez-vous, s’obstiner à ces marches périlleuses quand un trajet en taxi dans tout le centre-ville ne coûte que 2.00$ U.S.? Vrai…

Ajoutons que l’un des joyaux paysagers de la capitale, la Cinta Costera, est parfaitement équipée pour les plaisirs pédestres et sportifs. Bordée par la superbe Avenue Balboa d’un côté, longeant la baie de Panama de l’autre, sa magnifique promenade piétonnière de plus de 3 km console des parcours à risques.

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Cote d’amour

De Toronto, d’Ottawa, de Hull, de Montréal, d’Abitibi, on arrive et, séduit, on s’installe.

Les atouts du pays: sa beauté, son économie florissante – Le Panama est la première puissance économique d’Amérique centrale – son régime démocratique et sa stabilité politique; l’extrême gentillesse des Panaméens; son climat tropical et, trésor ô combien apprécié, son eau potable au robinet des grandes villes.

À suivre.

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