Cellulaires en classe: oui ou non?

Les nouvelles technologies au service de l’éducation

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Publié 12/10/2010 par Annik Chalifour

On ne peut échapper à la réalité des nouveaux médias sociaux qui ne disparaîtra pas: les communautés scolaires doivent trouver des moyens de gérer Facebook et Twitter tout en faisant les liens avec leur mandat d’éducation. Mais qu’en est-il des téléphones cellulaires? L’Express a rencontré Jennifer Lamarche Schmalz, surintendante de l’éducation du Conseil scolaire de district Centre-Sud-Ouest (CSDCSO), et Réjean Sirois, directeur de l’éducation du Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud (CSDCCS), qui ont donné leur point de vue sur la question.

«Les téléphones, BlackBerry sont des conduits pour l’information aujourd’hui et l’une des choses que nous voulons, c’est que nos enfants soient bien informés. C’est quelque chose sur quoi nous devrions nous pencher dans nos écoles», a récemment énoncé le premier ministre Dalton McGuinty

Ces commentaires peuvent surprendre alors que les automobilistes et même les ministres du cabinet de M. McGuinty ne peuvent utiliser ces outils sans fil. Pourtant selon McGuinty, les cellulaires pourraient être utilisés en classe avec une «utilisation adéquate».

À Toronto, on étudie présentement la possibilité de mettre un
terme au bannissement du cellulaire en classe en tentant de trouver une manière de rendre son utilisation acceptable.

Ce débat fait partie d’une discussion plus large, qui incorpore l’utilisation en classe des ordinateurs portatifs, tableaux interactifs et autres projecteurs tandis que certaines écoles ont découvert, peut-être involontairement, de nouveaux moyens d’empêcher d’utiliser le cellulaire en classe.

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Le CSDCSO a constaté qu’une zone d’absence de signal cellulaire avait été créée à la suite des travaux de construction de certaines de leurs nouvelles écoles secondaires, dont les écoles Jeunes sans frontières de Brampton, Roméo Dallaire de Barrie et l’école secondaire de Windsor qui vient d’ouvrir il y a six semaines. S’agirait-il d’une «heureuse coïncidence»?

Par ailleurs, certains parents dont les enfants sont déjà confrontés à de nombreuses distractions lorsqu’ils sont en classe, estiment qu’ils devraient se concentrer sur leur travail scolaire et non pas envoyer des messages texte, naviguer ou autre chose du genre.

Ces parents qui se sont battus pour que leurs enfants accros aux cellulaires puissent demeurer attentifs à l’école devront-ils bientôt faire face à une nouvelle réalité en Ontario: des classes où les élèves seront activement encouragés à utiliser les gadgets téléphoniques?

D’un autre côté, d’autres parents veulent être capables d’entrer en contact avec leurs enfants en tout temps. «Le texting entre les parents et leurs enfants est à éviter durant les cours. Les parents doivent comprendre qu’ils peuvent communiquer avec l’administration de l’école en tout temps pour les urgences», a rappelé la surintendante de l’éducation du CSDCSO, Jennifer Lamarche Schmalz.

Discussion pédagogique

«L’utilisation des cellulaires pour des raisons personnelles n’est pas de mise durant les classes», de confirmer Mme Lamarche Schmalz. Une majorité d’élèves apportent leur cellulaire à l’école qu’ils doivent entreposer dans leur casier durant les heures de cours.

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«Cette règle fait partie du code de vie de la communauté d’école devant être respectée, autant par les élèves que les intervenants scolaires», a-t-elle ajouté.

«Les cellulaires ne sont pas autorisés dans les centres communautaires ni dans les salles de cinéma. Par exemple, on n’a pas le droit de s’en servir pour photographier ou filmer par conscience éthique et pour des raisons de sécurité, il en est de même en classe», explique la surintendante.

«Par ailleurs, l’interdiction pure et dure ne mène à rien. Mieux vaut permettre à l’élève d’apprendre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, en lui fournissant des explications logiques et non pas une approche punitive.»

Ceci dit, Mme Lamarche a reconnu qu’une discussion pédagogique prend place actuellement au sein du milieu de l’éducation, en soulignant que «le cellulaire peut être un outil pédagogique à considérer».

Plusieurs styles d’apprentissage

«Les enseignants se penchent sur la question. Pour certains élèves, le BlackBerry pourrait s’avérer très utile comme outil en organisation.»

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«D’autant plus que le BlackBerry fait dorénavant partie des instruments indispensables sur le marché du travail. Suite aux commentaires de M. McGuinty, les discussions pédagogiques liées à l’utilisation du cellulaire vont définitivement se poursuivre», de réitérer Mme Lamarche Schmalz.

Ainsi, même si l’utilisation des cellulaires ne fait pas présentement partie des curriculums, un enseignant peut considérer de les utiliser en classe selon les styles d’apprentissage des élèves, sans oublier que l’utilisation du papier est de plus en plus réduite par les jeunes, selon la surintendante.

«De plus, on ne peut pas fermer la porte à des outils pédagogiques qui peuvent permettre aux élèves d’apprendre et d’évoluer en cadence avec la société d’aujourd’hui. Il s’agit d’une pédagogie nouvelle, celle d’apprendre à bien se servir d’un cellulaire.»

Conditions gagnantes

«Le code de vie qui est géré par chacune de nos écoles, ne permet pas l’utilisation du cellulaire en classe», d’introduire le directeur de l’éducation du CSDCCS, Réjean Sirois.

«Ceci dit, les jeunes doivent être exposés aux nouvelles technologies, mais à certaines conditions gagnantes pour en assurer la bonne intégration et l’efficacité. Les projets éducatifs qui référent à la technologie devraient idéalement être ponctuels et ciblés», d’ajouter M. Sirois.

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Le directeur a cité l’exemple de la récente gestion d’un blogue interactif par le CSDCCS à l’occasion du voyage en Europe effectué par des élèves du secondaire en mars dernier pour souligner le 400e anniversaire de la francophonie en Ontario. «Grâce au blogue, l’ensemble de la communauté scolaire a pu participer à cette expérience hautement éducative.»

Par ailleurs, le Conseil scolaire catholique a récemment invité la communauté à suivre sa rentrée scolaire 2010 sur Twitter: www.twitter.com/csdccs

Projet pilote

«D’autre part, les enseignants doivent aussi apprendre à utiliser les nouveaux outils pédagogiques dont, entre autres, les médias sociaux», a rappelé M. Sirois.

«Le CSDCCS reste ouvert à l’utilisation de la nouvelle technologie pour des fins pédagogiques et ciblées, mais non sans en avoir discuté préalablement avec l’ensemble des membres de notre communauté scolaire, comme l’utilisation des cellulaires en classe.»

Un projet pilote relié à l’utilisation des ordinateurs portables est présentement en cours à l’école secondaire catholique Monseigneur-de-Charbonnel. Un autre projet est en place à l’école Nouvelle-Alliance de Barrie ayant obtenu une bourse HP Canada; l’école bénéficie de deux laboratoires mobiles d’ordinateurs portables.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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